Une nouvelle de Mathilde Signolle
Renaître
À la lueur du petit matin, après une nuit à danser avec les étoiles, Emina posa son pied nu dans l’herbe fraîchement mouillée par la rosée. Les gouttelettes, sages, attendaient d’être séchées par les premiers rayons du Soleil.
La petite cascade Eas Fors lui sembla parfaite pour tremper son corps encore empreint de la veille. Chaque jour était une nouvelle naissance pour elle ; chaque matinée était un rituel.
Elle plongea, ses jambes, son ventre, sa poitrine, ses bras, puis son visage dans la nappe qui coule et traverse l’île. Véritable célébration de la nature et de ses enfants, Emina prenait soin de rendre hommage à sa source.
Le froid la vivifiait. Elle n’attendit pas de s'éponger et de s’habiller pour récupérer un peu d’eau pure et glacée.
Assise, en silence, elle l’a fit chauffer, lentement. Elle était fin prête à accueillir la chaleur de la vie. La timbale, tenue entre ses doigts délicats, n’attendait que la chaleur de la boisson. Le tintement cristallin des matériaux les uns contre les autres faisaient partie du cérémonial ; ils exprimaient la présence de la matière, l’extraction de la terre depuis la terre pour la modeler, la création par la main de l’homme. Le frémissement de l’eau se fit entendre, quelques bulles remontaient à la surface. Il était temps de transvaser le liquide. Le chaud, conduit par l’émail de la céramique, se transmit dans tout son corps ; de ses paumes à la pointe de ses pieds.
Emina mit au creux de sa main blanche quelques feuilles séchées, dans lesquelles se trouvaient des morceaux de fruits. Elle ferma les yeux et prit une profonde inspiration ; rien n’avait pareille odeur. Rien ne pouvait la transporter autant. Là, le temps s’arrête, tout est figé. La poésie, se dit-elle, ne se lit pas toujours, elle se vit aussi.
La femme mit sa tête en arrière et contempla alors le ciel, les nuages... Elle saupoudra sa tasse d’eau chaude de ses plantes bienfaisantes. Une magnifique couleur ocre se répandit, telle des rubans de soie dansant au vent. Elle en prit une gorgée, et... Ici commença l’infusion Céleste.
Ici, le portrait de Dorothée Delamer, créatrice de NUVEM TEA
Et là, la première nouvelle éditée, “L’éveil” de Valentine Mallat Desmortier.
Crédit photo: Clément Decoster
Nous souhaitons à travers notre blog, mettre en lumière de jeunes auteurs, après
nous avons le plaisir de vous faire découvrir une nouvelle inédite de Mathilde Signolle inspirée de ma rencontre avec Dorothée Delamer.
“Il n'a pas fallu attendre longtemps pour que le stylo devienne mon outil favori, une sorte d'extension de moi-même. J'ai commencé à écrire (si l'on peut dire) des "hictoires" à l'âge de six ans. Bien installée sur un canapé moelleux, les pieds ne touchant pas le sol, le temps s'arrêtait tandis que mon pouce et mon index s'emballaient. Dix-neuf ans plus tard, les pages blanches des livres se sont remplis, et les livres eux-mêmes se sont entassés.”
“On n'est jamais seul.e, quand on écrit."
Mathilde Signolle
Après l'obtention du diplôme en communication à l'école du CELSA, Mathilde embarque immédiatement pour un long voyage entrepreneurial. À bord de son bateau, entre tempêtes et nuits calmes, elle prend la plume pour se laisser glisser dans les profondeurs abyssales.
Crédit photo: Mathilde Signolle